L’euthanasie, du grec ancien « eu » (bon) et « thanatos » (mort), désigne l’acte médical consistant à provoquer intentionnellement la mort d’un patient afin de soulager ses souffrances physiques ou morales considérées comme insupportables, soit en agissant à cette fin, soit en s’abstenant d’agir.

Définitions

Euthanasie : Permet d’anticiper ou de provoquer la mort pour abréger l’agonie d’un malade incurable ou lui épargner des souffrances extrêmes que la thérapeutique ne parvient pas à atténuer. Cette « mort provoquée », à la demande du malade, se pratique plus souvent avec l’assistance un médecin.

On distingue :
Euthanasie passive : arrêt des thérapeutiques qui permettraient de prolonger la vie d’un malade incurable et souffrant
Euthanasie active : acte donnant la mort

Acharnement thérapeutique : Imposition de soins parfois contre la volonté du patient alors que les chances de guérison sont exclues.

Le terme a été remplacé dans la loi par celui d’ «obstination déraisonnable» et de «traitement jugé déraisonnable».

Sédation : Procédé médicamenteux par lequel un patient est endormi, plongé dans un coma artificiel, pour être soulagé de ses douleurs physiques et psychiques. La sédation est terminale quand elle plonge dans l’inconscient le patient incurable jusqu’à sa mort.

Suicide médicalement assisté : Contrairement à l’euthanasie, où une personne tierce réalise le geste qui entraînera la mort, cet acte consiste pour le malade lui-même à mettre fin à ses jours, avec l’aide d’un tierce personne (en général un médecin) qui lui en fournit les moyens

Situation et loi en France et en Europe

En France 

En France l’Euthanasie n’est pas autorisée mais le débat a évolué, notamment sous l’impulsion de Bernard Kouchner ancien ministre de la santé.
En septembre 2003, l’ « affaire Humbert » a relancé le débat (son médecin et sa mère de mis en examen suite à son décès pourtant souhaité par lui-même). Un non lieu a été rendu en 2006.
Suite à cette affaire une loi est votée en avril 2005, la loi Léonetti :
Loi « Léonetti » du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie qui instaure un « droit à laisser mourir un personne en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable »

Les deux grands principes  de la loi Léonetti

1. Le droit au « laisser mourir » est autorisé

Elle permet, quand il n’y a plus d’espoir de guérison et qu’un patient le souhaite, de limiter ou d’arrêter les traitements qui le maintiennent en vie ou de lui donner un traitement visant à soulager ses souffrances mais susceptible d’abréger la vie. Le médecin est alors tenu de dispenser des soins palliatifs.

2. Le « faire mourir » ou euthanasie active est interdite

3. Les autres principes :

Elle introduit la notion de directives anticipées que peut donner le patient, peuvent être utilisées en cas de perte de la capacité d’expression. Elles doivent dater de moins de trois ans avant l’état d’inconscience du patient. Elles sont révocables à tout moment.
L’Observatoire national sur la fin de vie (ONFV) a constaté que moins de 1,5 % des Français avaient rédigé des directives anticipées.
• Si patient est « hors d’état d’exprimer sa volonté » elle autorise la mise en place d’une procédure collégiale (consultation des directives anticipées, de la personne de confiance, de l’équipe de soins et d’au moins un deuxième médecin) pour décider de la suite d’un traitement.
• Obstination déraisonnable et abandon médical sont combattus à parts égales par les unités de soins palliatifs et par l’esprit de la loi Léonetti.

Le CCNE (comité consultatif national d’éthique crée en 1983) est hostile à une simple dépénalisation, mais a recommandé en 2000, la reconnaissance d’une « exception d’euthanasie » .
Recommandation prise en s’appuyant sur le fait que les demandes d’euthanasie restent exceptionnelles et ne concerneraient que quelques cas chaque année en France.
Le suicide médicalement assisté n’est pas pénalisable en France, mais la provocation au suicide est un délit et la non-assistance à personne en danger autorise les poursuites.
Sans tout résoudre, les soins palliatifs, proposées aux malades en fin de vie se sont développés et visent à proposer une réelle alternative à l’euthanasie.
La désignation d’une personne de confiance est peu utilisée et souvent confondue, lors d’une hospitalisation, avec la « personne de contact ». La personne de confiance est celle qui pourra aiguiller les médecins sur la volonté du patient en cas de perte d’autonomie.

Loi du 2 février 2016
:  Elle pose le principe suivant : toute personne a droit à une fin de vie digne et apaisée en autorisant la sédation profonde et continue.

En Europe et plus loin:

La plupart des législations refusent l’euthanasie sauf 4 qui l’ont légalisé :
– Les Pays-Bas, (2000)
– La Belgique, (2002)
– Le Luxembourg, (2009)
– La Colombie, ( 2015)

– En Suisse, suicide médicalement assisté autorisé mais euthanasie interdite
– Le suicide médicalement assisté est également légal dans 5 Etats américains : en Oregon depuis 1997, dans l’Etat de Washington et dans le Montana depuis 2009, dans le Vermont depuis 2013 et la Californie depuis 2015.


Les arguments pour et contre une dépénalisation:


Arguments contre:
Il faut respecter la vie et accepter la mort et rechercher des moyens de l’humaniser.

 La loi Léonetti est déjà un grand progrès vers une médecine plus humaine.
Dépénaliser l’euthanasie active serait remettre en cause l’interdit fondamental de donner la mort. Cela donnerait bien des pouvoirs au médecin et pourrait entraîner des dérives.
Cela pourrait détruire le lien de confiance médecin-malade. Car la fonction du médecin est de soigner en toutes circonstances et pas de faire mourir.
Les applications sont individuelles et parfois il y a des non lieu en cas de suicide médicalement assisté.
Il vaut mieux développer les réseaux de soins palliatifs à domicile (SPAD) qui permettent au patient de continuer à vivre dans la dignité (avant de penser à sa mort), de finir sa vie sans être dépossédé de ses repères.

Arguments Pour:

Liberté fondamentale que de choisir sa mort
Exprimer sa volonté est une ultime liberté individuelle et une ultime dignité
Mettre fin à la souffrance physique et morale d’une personne et éviter une dégradation inacceptable de son état est une délivrance. 

Le rôle du médecin est de porter assistance à son patient en toutes circonstances.
L’euthanasie est pratiquée dans la clandestinité de façon anarchique, l’encadré permettrait d’éviter les dérives.
Laisser mourir lentement, en arrêtant de son alimentation et hydratation une personne même si elle a le désire de mourir est une solution bien peu humaine.
Parfois la survie de certains malades ne dépend pas d’un traitement à arrêter, dan ce cas il faut établir un cadre pour les exceptions d’euthanasies.

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